Intervention d'Hervé MARITON devant le bureau politique des Républicains ce lundi 27 Juin 2016 à 17h. 
 
L'EUROPE C'EST NOUS !

APPEL A UN RÉFÉRENDUM EUROPÉEN
POUR REFONDER L'EUROPE 

 
L’Europe d’hier s’est effondrée. Face aux incertitudes ouvertes par le BREXIT, je veux porter ici 5 idées simples. Ce sont les idées d’un Européen convaincu et militant, d'un Européen déçu par l’Union européenne d’aujourd’hui, mais d'un Européen optimiste quant à notre capacité collective à faire l’Europe de demain.
 
1. La France a un besoin vital d’Europe
 
J’entends résonner la mélodie d’une France, puissance internationale de premier rang, dont le destin serait de peser, à titre individuel, sur les affaires du monde. Une France dont la parole serait attendue, écoutée et suivie. C’est la mélodie de la France Gaullienne, animée par son histoire et sa culture d’exception. Je suis fier de notre histoire. Mais je sais aussi, tout comme vous, que cette mélodie est une nostalgie. Une nostalgie anesthésiante. Car elle retarde la nécessaire prise de conscience : la France a besoin de l’Europe pour relever les défis du 21ème siècle, stratégiques, économiques, environnementaux et migratoires notamment. Ma conviction est faite depuis longtemps : l’Europe n’est pas qu’un marché, c’est une puissance. Et la France a besoin des deux.
 
2. L’Union a ignoré les Nations puis les peuples
 
La tension entre le camp des "fédéralistes" et le camp des "intergouvernementaux" ronge l’Union. Chaque étape de la construction européenne est le fruit d'un compromis entre ces deux camps. Or ce compromis ne fonctionne pas. Les "fédéralistes" sont perçus comme les fossoyeurs de la Nation française. Les "intergouvernementaux" sont perçus comme des "eurosceptiques". Mais la vérité est que ces deux thèses sont irréconciliables.

Sur ce compromis qui ne fonctionne pas, sans cap politique fort, la technostructure a logiquement fini par s'imposer. L’agile princesse phénicienne, Europe, est devenue Léviathan.

La Commission européenne ne propose désormais de déléguer que ce qu’elle ne parvient pas à centraliser. C’est l’exacte inversion du principe de subsidiarité. C'est absolument contraire à la logique des Pères de l’Europe. Les Nations ont été progressivement écartées. A petit pas, l’Europe s’est inutilement glissée dans notre quotidien. Elle a, en même temps, glissé des mains des peuples européens et des Parlements nationaux.
                                               
3. L’idéal européen a aveuglé la France
 
Au nom du sacro-saint idéal européen, la France s’est interdit de maximiser ses intérêts.

L’exemple budgétaire est symbolique. Cette année, le Gouvernement prévoit de contribuer à hauteur de 23,5 Md€ au fonctionnement de l’Union. Or, nous ne bénéficions que de 13,5 Md€ en retour, soit une contribution nette de 10 Md€. En tant que membre fondateur de l’Union, c’est une fierté. C’est par ailleurs normal compte tenu de notre richesse relative. Mais je déplore que nous soyons le seul pays contributeur net qui se refuse avec obstination à mettre ce sujet sur la table. Pourquoi ? Précisément au nom de cet idéal européen qui est devenu une foi aveuglante.

Il serait mal de négocier une baisse (un « rabais ») de notre investissement financier alors que tous les autres Etats en bénéficient. Plus grave, nous payons les « rabais » des autres (par exemple, 1,4 Md€ par an que nous payons à la place de Londres).

La France s’est laissée diluer dans l’Union européenne. D’autres pays ont été plus lucides - et, disons-le moins naïfs. Force est de constater aujourd'hui que l’Allemagne dispose désormais du leadership européen. 
 
4. L’Europe de demain sera pragmatique
 
Pour ma part, je ne suis ni "fédéraliste" ni "intergouvernemental". Je n'appartiens à aucun des deux camps. Je suis un pragmatique. L’Europe doit retrouver une valeur ajoutée. Elle doit permettre de faire ensemble ce que nous ferions moins bien seuls. Le principe de subsidiarité doit s’appliquer en toutes circonstances.

Cette logique ne réduit pas l’Union à un espace économique et commercial. Au contraire, elle pousse les Etats modernes à assumer qu’ils ne doivent plus tout assumer.

De cette façon, l’Europe de demain pourra aussi être régalienne avec de fortes prérogatives en matière de défense, de respect des frontières, de maîtrise des flux migratoires ou de lutte contre le terrorisme.

Mais l’Union devra aussi préserver le souffle de la liberté qu’elle a fait naître sur notre continent et dans le monde. Et le départ des Anglais ne doit pas essouffler cette liberté. Elle doit, au contraire, l'encourager.
 
5. L’Europe de demain sera démocratique
 
Le référendum de David Cameron posait une mauvaise question : êtes-vous favorable à l’Union européenne actuelle ? Mais il était sous-tendu par une interrogation légitime : comment mieux prendre en compte les intérêts des Nations et des peuples ? 

La vérité oblige à dire que la réponse britannique, et l’hystérisation du débat public, auraient été similaires dans de nombreux Etats membres. C’est pourquoi il faut refonder l’Europe avant de la soumettre aux citoyens européens. Nous ne devons pas perdre notre temps et notre énergie dans les négociations de la future association avec les Britanniques. La priorité c’est nous, ce n’est pas eux.
 
L’Europe, c’est nous. Je souhaite donc un nouveau Traité, fondé sur la seule subsidiarité. Les compétences européennes ne seront plus sans limites, mais quand elles existeront, ces compétences seront intégrales. Les priorités politiques de l’Union devront être explicitement établies. Ce Traité de la refondation devra être soumis aux peuples européens. Souverains, c’est eux qui décideront du prochain noyau dur européen. En cela, soyons des européens modernes.
 

 
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